Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Answers are in questions
5 septembre 2013

Et là, tu retombes sur ton ancien blog.

Et oui.

Il est là malgré tout, cet immonde joyau, ce tas d'ordures sentant la rose.

Cette chose que tu avais oublié, que tu avais construit avec tant de fierté du haut de tes 17 ans (la décennie d'avant, déjà !). Plein de texte gras et de toutes les couleurs. Jetant en pâture sans prudence ta vie privée aux fauves féroces d'Internet. Le blog de fin de lycée.

A cette époque, j'étais pourtant déjà en train d'essayer de m'ouvrir. J'avais commencé le dur travail d'amélioration de mon être. J'ai vécu dans une famille où personne ne parle, où rien n'est dit. L'ordre établi n'est jamais remis en cause, de peur que l'édifice s'écroule. La peur était le ciment entre les briques d'une bonne morale à la mords-moi le noeud. Cet environnement causa certainement les pires années de mon existence.

Des heures sombres où chaque jour je me demandai ce que je faisais sur Terre. Quel était le but de cette existence ? Pourquoi tout allait mal et rien ne bougeait ? Puis un jour, je me suis dit : au diable l'ordre établi ! Qu'il le détruise de ses mains griffues ! Je me suis décidé d'aller vers les gens. De sortir de ce puits argileux. De m'ouvrir, de regarder le monde avec cet oeil franc et bienveillant. Le mal ne résidait pas là où on me l'avait toujours dit car il était derrière moi. Le diable n'était pas celui que je croyais. Il n'était pas une personne qui dictait des choses mauvaises : il était une personne qui ne dictait rien du tout.

Ce blog m'avait aidé dans ce travail de longue haleine. Je ne serais pas celui que je suis aujourd'hui si je n'avais pas effectué ce travail. Ainsi, ce blog m'a aidé à me construire, quelque part. J'éprouve énormément de honte en voyant ces traits grossiers, cette poésie de romans de gare mais je me souviens qu'il s'agissait des seules armes dont je disposais. Je n'étais qu'un pauvre môme que la vie brisait.

Nostalgie. Je me souviens aussi des contrastes surélevés de cette partie là de mon existence, des contrastes qui sont en totale opposition avec la fadeur, la froideur de ce que je suis devenu. J'étais en train de mourir intérieurement, l'esprit broyé par les machoires d'une éducation absurde et oppressante sur certains points et par une condition sociale inadaptée à mes aspirations... mais j'avais des amis ! De très bons amis.

En fait, les trois quarts des choses inoubliables que j'ai vécu viennent de cette période de ma vie. Maintenant, plus rien. Comme si un être humain avait une date d'expiration. A partir de cette date, il faut se ranger, ne vivre qu'à moitié. Vivre pour l'autre, sans concessions. Finie la rebellion. Finies les sorties aux ciné entre amis. Finies les bières au bar du coin. Finies les longues conversations, sur le net ou dans le salon. Finies les soirées jeux vidéo. Finis les éclats de rire.

Et donc me voici, nostalgique. Grandir n'a pas amélioré ma vie. Grandir ne m'a pas aidé à guérir. Je me vois obligé de déblatérer à nouveau des sottises devant la foule anonyme de mon lectorat. Pour ne pas perdre de vue mes rêves, pour ne pas devenir fou. Pour me donner du courage.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité